On nous a à tous appris, enfants, à ne pas parler à des inconnus. 
C'est un dogme à oublier.
On nous a à tous dis de ne pas prendre de risques.
C'est un dogme à oublier.
On nous a à tous appris à ne pas faire confiance en l'autre avant de le connaître.
C'est un dogme à oublier.
वसुधैव कुटुम्बकम् Vasudhaiva Kutumbakam

Depuis que je suis ici, je l'ai déjà dis dans un précédent article, j'ai du prendre sur moi, affronter ma solitude dans un face à face avec des millions de personnes au coeur de villes bouillonnantes, de sons, d'odeurs, de vie. 
Il faut savoir se rendre compte que sortir des sentiers battus est un privilège que vous offre votre esprit. Il faut savoir vous en rendre compte et tenir le cap, ou comme moi vous passerez des années à vivre sans cette excitation de l'inconnu. 
Par inconnu j'entends, oublier que vous êtes vous. Laissez vous naviguer avec pour votre seul gouvernail vos sentiments positifs les plus profonds : L'Amour, l'Amitié. Déborder de ces sentiments noiera autrui dans un tsunami d'énergie positive qui le mettra lui aussi en confiance, le Karma, le bon. 
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Dans les rues d'Udaipur il y a tout pour perdre confiance : les marchands de tapis, les attrapes-touristes, les sollicitations excessives, vous vous sentez harcelés ? C'est parceque votre esprit est naturellement programmé à regarder du coté de sentiments tels que la méfiance ou la colère. Demandez vous, si vous ne souhaitez rien acheter, pourquoi n'iriez vous pas tout de même répondre aux sollicitations de ces gens  ? Quel temps avez vous à perdre ? Un beau temple plus loin ? Mais encore ? Le temple est construit afin d'accueillir la ferveur et l'adoration de l'Homme, ces mêmes dévots qui vous sollicitent doivent être adorés tout autant pour ce qu'ils sont. Apprendre d'eux, de leur vie, est une ivresse que vous pourriez connaître. Gardez cela à l'esprit, le Temple des Civilisations, c'est l'Homme, vous devez en être son plus grand dévot et oublier toute perspective négative.
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Si l'on vous arrête, demandez vous pourquoi ces gens tiennent autant à vous vendre, et si vous n'alliez pas vous-même leur demander d'ailleurs ? Votre plus grande mission serait de garder et maintenir le contact sans aucun échange mercantile. Pour la plupart il s'agit d'artisans ; Pourquoi ne pas en apprendre plus sur leur travail ? Sinon sur leur famille ? Leur religion ? Pourquoi ne leur demandez vous pas ce qu'il pense de votre pays ? De votre culture ? 
Ne voyez pas un marché que comme un échange d'un bien contre de l'argent, mais comme une place de rencontre. Où qu'elle soit, l'apprentissage est permanent. Et quelle serait votre fierté à participer aux changements de mentalités ? Ces gens qui vous prennent pour une vache à lait, ils ne l'ont pas inventés ? Si vous répondez à leur sollicitation par un "oui j'achète, aurevoir" , que seriez vous ? Si ce n'est une vache à lait ! Vous n'aimez pas cela ? Moi non plus. Comment changer cela ? En nous intéressant à l'Autre pour ce qu'il est et non pour ce qu'il a à nous vendre.
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Je crois avoir fait mes plus belles rencontres ici précisément parceque j'ai oublié ma méfiance. J'en ai parlé dans mes différents commentaires du jour, mais je dois le refaire ici plus précisément.
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Lorsque je suis entré dans ce train qui me menait vers Jaipur, Pratik était assis face à moi, dans ses papiers. Ma première idée, comme tout bon gars bien élevé, est de lui foutre la paix. Jusque là je suis logique ? Pas du tout ! Si je lui foutais la paix, je ne mettrais pas en danger, je ne prendrais pas le risque de me prendre un vent monumental, et c'est le genre de danger que personne n'aime vraiment, car c'est l'égo qui contrôle dans ces moments. Mais voila, je lui ai demandé si il pouvait me dire quand on arriverait à Jaipur, car je ne connaissais pas du tout la station et que les stations ne sont pas nommées. La conversation aurait pu s'arrêter là, mais le dialogue a continué : Que fais tu ? Tu travailles dans quoi ? Ah ! ce n'est pas trop dur ? Tu vas où ? Comment va ta famille ? Et de fil en aiguille, nous nous sommes liés, dans la plus pure simplicité. Vous savez, celle ou la politique n'entre pas en jeu, ou l'argent n'entre pas en jeu, du pur feeling impromptu. Apprendre de ce garçon, qui lui aussi à appris de moi, de mon pays, a fait que le voyage de 4 heures ne s'est pas senti passé. Au moment de le quitter, le temps était passé trop vite, j'aurais voulu en connaître plus de lui, de sa femme et de sa fille. 
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Lorsque je me promenais dans les rues de Jaipur, ma fatigue me rendais affable, mais je restais obnubilé par l'autre ; Aller vers l'autre, je pensais encore automatiquement : l'artisan, le vendeur, le passant. Mais et ce malgré ma rencontre à Agra, je n'avais pas automatiquement le réflexe de m'intéresser au chauffeurs de Rickshaw; peut-être car trop proche de mes taxis, avec le mauvais cotés qui est leur sollicitation perpétuelle et leur marchandage enflammé. Lorsque je déambulais dans la rue principale qui menais au City Palace de Jaipur, je voulais retirer de l'argent pour le visiter. Et Manjur est arrivé, à bord de son Rickshaw, prêt à plumer un nouveau pigeon, ce que je pensais, grand mal m'en a pris. J'ai faillis ne jamais connaître une de mes meilleurs rencontres en respectant les Dogmes. Pourtant il a brisé la glace en premier. Et lorsqu'il m'a proposé de conduire son Tuk-Tuk, mes dogmes se sont envolés : Ce type fait un pas vers moi en me confiant l'appareil qui lui permet de vivre, et qui coûte horriblement cher pour eux. Nos âges proches ont fini d'entamer les dernières touches de méfiances que j'avais à son égard et son esprit mercantile. Et lorsque je me suis enfin libéré des dogmes, j'ai ressenti que lui aussi se senti plus capable d'accepter ma confiance et non de jouer avec pour retirer un peu plus de roupies, à la fin il n'était même plus question d'argent, ni pour moi, ni pour lui. Le laisser guider, et apprendre de lui était plus enrichissant que de visiter une ville absolument extraordinaire sur le plan culturel, c'est dire ou la barre était placée. Et je ne saurais dire pourquoi ? Nous avions des discussions relativement simples, quoi que passionnantes et émouvantes tant son histoire était riche et tragique à la fois ; mais je pense que c'était le feeling, le même que l'on a quand on tombe amoureux, sans la pulsion sexuelle qui s'ajoute à ce feeling. Les adieux ne sont que plus difficile. Malgré le sentiment qu'un jour, il faudrait que je le revois, et il a fait tout pour, jusqu'à me donner le numéro de sa plaque de rickshaw. 
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Kushal était le tenancier du Rajputana GuestHouse, mon hôte de Jaipur, pour une nuit. Proche de la cinquantaine, il irradiait de chaleur, positive, et de sérénité, extraordinaire. Oui, c'est précisément pendant ce voyage que je me rend compte,touche du doigt et ressent le Karma. Il est absolument impossible de décrire physiquement le Karma, mais il y a toutes les chances qu'en suivant mes écrits et en vous ouvrant à l'autre comme je le fait, vous compreniez. Et je suis ému rien qu'à cette idée. Car c'est vraiment une découverte extraordinaire, comme lorsque l'on entend ou vois pour la première fois, ressentir l'autre à travers ce Karma, c'est comme ressentir une puissance positive et une bienvaillance absolument phénoménale. Voici ce qui terminera de vous faire comprendre cela.
Kushal est un ancien militaire, sa famille venait de la campagne, il a vu et construit avec son père cette immense demeure achetée pour une bouchée de pain, qui aujourd'hui vaut une fortune. Aujourd'hui il garde les clés de cette maison familiale afin d'être proche de sa mère, malade, et de ses cinq soeurs. Il avait un rire et une tendresse toute particulière, un soin envers ses hôtes et un goût d'aider son prochain que j'ai ressenti dès les premières secondes, je suis très sérieux, vous savez, ce sentiment de béatitude complète quand vous entrez chez quelqu'un que vous aimez ? Et bien c'était pareil, en trois seconde, dans une ville inconnue, une langue inconnue et un pays inconnu. Voila le Karma. 
J'ai eu une longue discussion avec lui avant mon départ; il tenais à me faire partager sa conception de la vie, j'ai écouté, absolument médusé et envouté par ses paroles d'une infinie sagesse. 
Je vais vous les reprendre : 
"Le monde ici quel que soit sa religion n'est intéressé que par le présent. La vie c'est quoi ? 70 ? 80 ans si on a de la chance ? Mais après ? Les gens ne se rendent pas compte qu'un plaisir éphémère et égoïste est tentateur mais la vrai merveille c'est le bien que l'on offre aux autre, qui nous promet le Nirvana et de ne pas renaître en chien ou en insecte dans une chaine infinie de réincarnations, si tu offres à l'autre tout de toi, ton amour, ta disponibilité et ton détachement, alors tu es promis à de plus belles choses dans la mort, qui est plus longue que la vie. Mais il faut comprendre qu'agir avec bonté par intérêt d'un mort radieuse est une mauvaise action, non, la fin ne dois pas entrer dans les calculs, soit juste le plus belle personne qu'il soit. La bonté ce n'est pas du temps, ce n'est pas de l'argent, c'est de l'aide et de la passion, de l'instinct et de la sensibilité. Souviens t-en."
Je n'ai rien inventé de ce qu'il m'a dit, ça m'a juste tellement marqué que je peux vous le réécrire, non pas mot pour mot, mais dans les termes c'était exactement ça, à la virgule prêt.
En partant, je lui ai proposé de photographier sa maison d'Hôte, il a vraiment apprécié cela, m'a remercié par un festin digne d'un Maharaja, de plats, de pains et de disponibilité, son bonheur est de rendre les autres heureux.
Au moment du départ, sa mère a tenu à me remercier par elle même. Cette femme était l'incarnation de la bienveillance. Elle m'a encore demandé si j'avais apprecié ma nuit, elle m'a souhaité une belle vie et un beau voyage, en me touchant le haut de la tête, avec des "thank you" "you are welcome" "Namaste" "you are welcome" "Namaste" plusieurs fois, c'était très émouvant, si touchant cette façon de me dire merci et adieu, c'était l'accolade à l'Indienne, celle ou vous devez faire une sorte de révérence devant la personne la plus âgée, les mains jointes, et acceuillirs les adieux de la personnes. Un grand moment qui restera gravé, son regard et son sourire aussi. Une paix profonde m'illumine depuis.
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A Udaipur, c'est l'équipe du restaurant qui est à mon goût le reflet de tout ce que je viens de vous écrire. Ce sont tous de jeunes hommes, vivant la moitié de l'année pour la plupart à Jodhpur, l'autre moitié durant la saison, à Udaipur, travaillant d'arrache pied, douze heures par jours, 6 jours par semaines. Kamal,  en est le parfait exemple, il a 19 ans, en paraît 23, souriant comme possible, et avenant, tout en étant d'une timidité extraordinaire, j'ai mis quelques jours à lui faire comprendre de ne pas m'appeler "Sir", ce dernier travaille pour aider sa famille à Jodhpur. A chaque fois que je le vois il me demande si je n'ai pas rencontré d'autres filles. Nous rigolons ensemble de mes aventures nocturnes à Udaipur. Il voudrait me faire visiter Jodhpur avec le reste de sa bande, membre de l'équipe du restau. Toujours ce Karma, cette sensation d'avoir confiance, sans connaître, de s'ouvrir et de recevoir plus qu'un café ou une assiette sur une table, mais un vrai sentiment d'amitié. Et me connaissant vous savez l'importance que je porte au mot "Amitié" qui a une valeur bien précise et ne se distribue pas comme des cartes. Je vous écrie d'ailleurs sans naïveté aucune, non, je différencie les simples rencontres de la rues de celles que je vous développes ici. Bien que toutes mes rencontres soient belles et enrichissantes, tout le monde ne va pas devenir amis et ne veux pas le devenir d'ailleurs. 
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Ces trois Jeunes filles à la terrasse de l'Hôtel, se sont détachés des dogmes, cela est surprenant d'ailleurs, et même tout à fait exceptionnel si l'on en crois les dires de mes amis de l'Hotel.
Elles m'ont vu et m'ont accueilli, ouvert les bras vers l'autre, qui plus est un homme et un blanc; partager, questionner, discuter, rire, apprécier. C'est ce que nous avons échangé comme liens. Je pense en avoir beaucoup parlé dans mon commentaire du jour à Udaipur, mais je devais re-souligner cette nouvelle merveilleuse rencontre, qui m'a pris à rêver d'Inde, et si j'y restais ? En tout cas c'est sûr, j'y reviendrais.
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Ma traversée aujourd'hui des campagnes indiennes, des enfants, des cueilleuses et enfin le coucher de soleil a terminé d'abattre mes liens avec les Dogmes. l'Impression de naître à nouveau. Assister au coucher de soleil sur les Monts Aravalli, c'est l'expérience d'une vie. Celle ou dans la montagne, vous assistez à la mort du soleil avant sa renaissance, ou vous pouvez vous rendre compte et spirituellement vous aussi vous laisser voguer à une renaissance quasi mystique. Celle d'offrir aux autres votre amour et votre amitié. En seulement une semaine, je suis parti seul, et ai rencontré nombre de personnes, nombre de vies, des siécles de connaissances, de joies, de tristesses, qui se sont offerts à moi sur un plateau, à qui j'ai offert moi aussi ma vie. Cette expérience du couché de Soleil était bouleversante, la décrire serait la suivante : une profonde inspiration, et l'impression que votre corps entiers s'effondre de l'intérieur, sous votre propre poids, sous vos propres pensées. Ressentir le Karma, c'est la plus belle chose que j'ai découvert cette semaine et je pense depuis de nombreuses années. Et se rendre compte de tout cela accompagné de nouvelles connaissances de Calcutta a fini d'entamer ma relation avec les dogmes. Comme moi, vous laisserez s'échapper quelques discrètes larmes de joie, car enfin vous comprendrez pourquoi la vie est belle, et vous ne ferez pas que le savoir .S'ouvrir à l'autre, c'est plus important que s'ouvrir soit-même. Si seulement tout le monde vivait comme Kushal. Que de paix. Que de vie. Les dieux auront au moins un nouveau porte étendard en leur sein.
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On nous a à tous appris, enfants, à ne pas parler à des inconnus. 
C'est un dogme à oublier.
On nous a à tous dis de ne pas prendre de risques.
C'est un dogme à oublier.
On nous a à tous appris à ne pas faire confiance en l'autre avant de le connaître.
C'est un dogme à oublier.
वसुधैव कुटुम्बकम्
  Vasudhaiva Kutumbakam Le monde est une seule famille.